PARTIR POUR OKAPULCO
LIVRE DE MÉMOIRE DNSEP 2014
Partir pour Okapulco est une tentative d'éclaircir un mystère qui s'est opéré ces quelques années. Un groupe de personnes ont décidés de se détacher de cette étiquette de gens nus “affalés” sur une plage pour d'autres horizons. Okapulco est la contraction de Oka, une réserve naturelle et pulco pour Acapulco. Le résultat est le paradis des Randonneurs naturistes. Pourtant quand on s'y intéresse d'un peu plus près, on remarque que ces randonneurs naturistes ont un rapport à l'image impressionnante et loufoque. Il existe multiples sites internet qui relatent les faits et gestes. Leurs sites pourraient faire partie de ces oeuvres d'art du Net Art.
Ce qui m'intéresse dans ces individus c'est la possibilité d'agir par un corps dénudé dans un endroit nomade. Leur promenade s'apparente à des actions performatives, furtives et secrètes. Une forme de dérive que j'ai pu noter dans Marcher, Créer de Thierry Davila. La confrontation du corps nu à la nature. Un corps nu dans la conscience collective signifie un corps dans un environnement clos. Eh bien quand on rajoute randonneur, il y a beaucoup plus de possibilités, d'imagination dans ce groupe. Il y aura certainement la question du corps nu qui se balade relève-t-il de la pornographie? Entre folklore, nomadisme (leur groupe se déplace dans différents endroits mais encadré par des personnes avec des talkies walkie pour les interventions textiles), groupe secret. Ce sujet peut prendre la forme d'un road-history entre road-movie, écrits expérimentals, théoriques face à des expérimentations secrètes. Un road-movie est un genre propre au continent américain. C'est une critique par la voiture. Oui, il n'y a pas de voiture dans mon histoire mais c'est un voyage pédestre. Un écrit comme une histoire, un conte moderne se présentent comme une histoire et aidé d'un site internet opposé au documentaire et à un écrit éthique. Ces individus pourraient expliquer mon travail de ce personnage crée: le fantôme nudiste. Les randonneurs naturistes se dit aussi « Naked Ramblers ». 7 heures de route de Montréal à Toronto en voiture avec deux naturistes inconnus, c'est de là que tout est partie, l'histoire, la forme. La conception a été réalisé sur la base d'une tapisserie: un côté visible et l'autre invisible. Le poster fait échos à la peinture de Peter Doig, canadien. L'oeuvre originale est brodée. Chaque tissu possède son histoire. Tim Ingold dans Une brève histoire de lignes, fait mention du mot « meshrock » comme un tressage de tissu, de filaments. L'histoire se compose sur la base d'une forme cinématographique en forme de zigzags, alternés par des fragments de l'organisateur et de citations. La vie est construite de rhizomes Le livre possède un post-it brodé où est figuré un mot de passe. Notre monde tourné sur la rapidité. C'est brodé. C'est paradoxal. C'est un questionnement du temps, le temps de la rapidité et de la lenteur pour un mot.
Ce sujet est en lien avec mon travail car je fabrique une histoire par le biais de dessins « rhyzomatiques » et donc de la broderie. Je travaille sur une recherche d'une certaine dissimulation quelle soit corporelle ou autre, le fantôme, choses cachées. J'aurais pu faire mention du surgissement de l'animal de Jc Bailly mais il s'agirait plus du surgissement du corps nu dans la nature. Une disparition et un surgissement. Cette dernière comme un conte pour décoder la « chose cachée ». Cet ouvrage m'a fait envisagé la forme du récit. Il m'a fait interrogé le lien entre fiction et réalité. En effet « pour parler de la réalité, il faut passer par une fiction » Jacques Rancière dans le Partage des Sensible. La question du regard de la nudité a surgit à travers la nature et de l'aspect performatif et furtif. Il existe comme une forme de vie, des performeurs de la vie quotidienne. Il interroge le mot « broder ». C'est un ajout de matière sur une base et une manière de fabuler la vérité. Ce groupe fonctionnant de manière secrète a des actions comme sectaire. Utiliser la fiction est une façon de casser les murs de l'invisible. J'ai voulu interroger l'écriture comme une image brodée. Une image .jpg, est une broderie virtuelle alors pourquoi pas l'image d'un corps nu? Par cette écriture, le questionnement se porte sur le « geste cheminatoire » vue par Michel de Certeau en tant que fil de fabrication et forme de narration. La machine à coudre est devenue le conteur à la place de mon propre corps. La voix a été remplacé par son écriture silencieuse mais matérielle. Bien sur, j'ai utilisé pour cette narration le point de vue de l'idiotie proche de l'amateurisme. Il y a un gros enjeu sur un monde bipolaire: les textiles et les naturistes. Un monde visible et invisible. Une question me reste: c'est le rôle avec internet. Cette volonté de garder secret dans le monde terrestre mais ue divulgation affirmée sur le web par des avatars. Pourquoi? Drôle de combinaison que deviennent des naturistes cybernétiques.