10.-22.-38. Astoria

Le 22 octobre 1938, Chester Carlson fabrique la première photocopie de l’histoire. La machine écrit « 10.-22.-38. Astoria ». Dans une modeste chambre du Queens (New York) Chester Carlson met au point un procédé d’impression à sec, l’électro-photographie. Cette technique utilise une feuille conductrice en métal ou papier métallisé, recouverte d’un matériau photoconducteur. La plaque est rendue sensible en donnant à sa surface une décharge électrique. Le premier photocopieur, baptisé « Xerox Model A » , est commercialisé en 1954. La première fois que j'ai manipulé une imprimante multifonction devait être dans les années 2000, je me suis imaginée le chemin entre l'image numérisée et sa sortie imprimée. C'était quasi magique mais c'est trop vite, trop « éblouissant ». Puis ma machine s'est bloquée suite à un bourrage. Une overdose de papier j'ai envie de dire. Elle ne fonctionne plus comme dans sa fonction d'origine. Ce bourrage m'a donné la possibilité de créer un autre sens de numérisation : un sens sans fins. Ma machine fait tourné en boucle une image, une forme parce qu'elle en a marre d'être dans une attitude de consumériste. « 10.-22.-38. Astoria » fait échos à la première impression multifonction. Ce n'est pas une relique. Ce n'est pas un hommage mais plutôt une critique sur un développement technologique. En bureautique, un multi-copieur ou copieur multifonction est un périphérique multifonction qui désigne tout appareil de reprographie qui possèdent au moins deux des fonctions suivantes : impression, numérisation, copie, télécopie. « 10.-22.-38. Astoria » défait ce schéma. Étant un objet fantôme, ( tout objet ne suivant pas le chemin de la consommation mais fonctionne sur un chemin économique parallèle), cet appareil propose une nouvelle fonction. Il lit une image en boucle et uniquement en boucle. Cette image sera tournée par trois unités d'imagerie. Ils se déroulent par électrophotographie. L'unité subit une exposition à la lumière du laser pour imprimer l'image ou les lettres. Ces unités ne fonctionnant pas normalement sont là pour dérouler l'image qui sont enclenchées par le moteur du tourne-broche, extérieur. L'image reste bloquée. Elle résulte de ce surplus de consommation. Elle fait donc preuve d'autosuffisance. Cependant, la personne souhaitant voir l'image, le pourra en ouvrant le couvercle du dessus servant à l'origine au scanner. Ce sera une vitrine. L'image scannée de la machine est une représentation d'une nature numérisée, retransformée à l'image ou plutôt aux connaissances de l'homme. C'est une photographie, une image de mapping. L'outil goudron ne sera pas figuré mais soufflé à travers l'image. Cet outil est pour moi un hyper-object. Une chose fine qui peut modifier le climat et d'après Timothy Morton, « des objets produits massivement dans le temps et dans l'espace ». Il est la source de la majorité de notre consommation.

 

voir crystal smoke ( lien)